RDC : Un calendrier électoral et des questions
Que va-t-il se passer en République Démocratique du Congo dans les semaines et les mois à venir. La question mérite d’être posée au regard de l’évolution des évènements dans le pays. A peine la Commission électorale vient de publier le calendrier électoral, des voix s’élèvent déjà pour mettre en doute sa crédibilité. Qui a tort, qui a raison, quelles sont les stratégies des uns et des autres en vue des futures batailles ?
Notre regard...
D’ABORD CE QUE PROPOSE LA CENI
En pleine tempête et pressée de toute part, la Commission Électorale Nationale Indépendante a donc rendu publique jeudi le chronogramme des élections à venir en RDC. Un calendrier qui reprend une litanie des scrutins. Dès le 25 Octobre 2015 devront se tenir les élections provinciales et locales, suivies des sénatoriales le 17 janvier 2016 et celle des gouverneurs des provinces deux semaines plus tard, soit le 31 Janvier 2016. La présidentielle et les législatives elles n’interviendraient que le 27 Novembre 2016.
Pour nombre d’analystes, ce calendrier est intenable compte tenu du temps qui reste avant la fin du mandat en cours (18 mois). Un doute renforcé par les préalables que pose la CENI pour accomplir les différentes échéances, à savoir, de l’argent (1,4 Milliards USD) ou encore des lois comme celle de la répartition des sièges dans les circonscriptions électorales. Autant dire que la balle n’est plus dans le camp de la CENI.
L’OPPOSITION PIEGEE, LE GOUVERNEMENT REPREND LA MAIN
Au stade actuel des choses, l’opposition qui a demandé avec acharnement le calendrier ‘’global’’ des élections se trouve devant un fait accompli et doit imaginer d’autres stratégies. Car comment comprendre aujourd’hui qu’elle se mette encore à harceler la CENI. Pourtant l’hypothèse d’un glissement de ce calendrier ne parait pas totalement écartée, selon plusieurs experts. Faut-il y voir une stratégie du gouvernement, en tout cas, les faits le démontrent.
UNE COMMUNICATION HABILE…
Revenons un peu aux évènements du 19 au 21 janvier. Dès que le plan de modification de la loi électorale échoue au Senat, le gouvernement et la majorité à l’assemblée nationale comprennent tout de suite qu’il faut changer de stratégie. Et l’option choisie, est d’éviter toute confrontation qui ferait le jeu de l’opposition. C’est le président de l’Assemblée Nationale qui lance le premier cette nouvelle stratégie. Lorsqu’il convoque la presse internationale le 24 Janvier pour annoncer le retrait de l’alinéa querellé de l’article 3 de la loi électorale, Aubin Minaku n’avait jamais été aussi proche du peuple. Nous avons écouté le peuple, a alors lancé le speaker de la chambre basse du parlement. Opération relayée à la télévision nationale par le ministre de la communication et des Médias Lambert Mende qui considérait lui aussi que le peuple a réclamé, le gouvernement ne pouvait que l’écouter. Un changement brusque d’attitude qui répondait à une seule logique, ne pas laisser à l’opposition le monopole du peuple, mais aussi dans la perspective d’un calendrier compliqué à tenir comme aujourd’hui, placer l’opposition devant un fait accompli et se montrer devant l’opinion comme le seul à avoir la bonne volonté. Une communication habile car tout est d’accord aujourd’hui qu’il n’y a plus d’intention pour le chef de l’État de se maintenir au pouvoir…théoriquement.
Avec ce calendrier en tout cas, le gouvernement et Joseph Kabila reprennent la main. Après avoir mené son combat dans la rue, l’opposition va désormais rentrer dans les rangs, se battre dans l’hémicycle cette fois-ci. Objectif, trouver de l’argent et les textes de loi nécessaires. Pour cela, il va falloir demander à Matata Ponyo et Aubin Minaku de presser les pas.
Yvon Muya