Le coup de fil d’Obama, une tradition américaine

Il lui a demandé de ne pas s’accrocher au pouvoir…, c’est la conversation téléphonique la plus commentée ce Jeudi 02 Avril 2015 en République Démocratique du Congo. Celle du président américain avec son homologue congolais. Dans un communiqué publié la veille, la Maison Blanche confirmait en effet cet échange téléphonique entre les deux chefs d’États, échange au cours duquel Barack Obama aurait fait part à Joseph Kabila de l’importance d’organiser les élections dans les délais constitutionnels, crédibles et pacifiques. Dans un contexte préélectoral déjà tendu, voilà un coup de fil qui est venu pimenter encore un peu plus le débat entre le pouvoir de Kinshasa et l’opposition. Face à la jubilation de l’opposition, le porte-parole du gouvernement n’a pas tardé à faire entendre sa musique. ‘’ Ils ont aussi parlé de l’implication d’un diplomate américain basé en Afrique de l’Ouest, dans la tentative de déstabilisation du pays et c’était le sujet le plus important pour nous (NDLR affaire y en a marre et balai citoyen), s’est fendu Lambert Mende sur Rfi. Le coup de fil en diplomatie, une tradition pour les États-Unis…
« Je l’ai raccroché au nez ! »
Ce n’est pas la première fois que les américains font aux congolais le ‘’coup’’ du coup de fil. Le 13 Décembre 1997, Sept mois seulement après la chute du Marechal, la secrétaire d’État Madeleine Albright visite Kinshasa. La visite est placée sous le signe de la ‘’mise du baume au cœur des congolais après 32 ans de dictature’’. Problème, les intérêts de Washington vont changer dans les mois qui vont suivre. Le 02 Aout 1998, la rébellion pro-rwandaise éclate à Kinshasa. En 1999 la pression s’accentue sur Laurent Désiré Kabila, invité à ouvrir l’espace politique. Jusqu’à cet appel téléphonique entre le chef de l’État et la secrétaire d’État américaine, coup de fil que M’zee rapporte en personne aux généraux qu’il réunissait à Kinshasa : « je l’ai raccroché au nez ! ». Un pas que n’a visiblement pas franchi son fils, Joseph Kabila.
Exhorter un homologue africain à se retirer du pouvoir, Barack Obama excelle dans cet exercice. En 2010, son correspondant s’appelait Laurent Gbagbo. En pleine crise postélectorale face à Alassane Ouattara, le chef de la Maison Blanche n’a pas hésité à demander au président ivoirien sortant de « respecter la volonté du peuple et de cesser de revendiquer la victoire ». La suite, on la connaît.
Ça sonne au de la des questions de pouvoir…
Si le téléphone de Barack Obama a composé les numéros des palais présidentiels africains ces derniers temps, il a été aussi actif sur d’autres crises qui agitent le monde. Alors qu’un ‘’accord historique’’ sur le nucléaire iranien, selon les propos mêmes du président américain, vient d’être signé ce jeudi à Lausanne en Suisse, entre les grandes puissances et Téhéran, c’est le lieu de rappeler ce coup de fil en 2013 entre Barack Obama et le tout nouveau président iranien Hassan Rohani. Une première depuis 1979. Depuis la rupture diplomatique entre les deux pays il ya plus de 30 ans. Non seulement, le monde veut s’assurer que l’Iran ne va pas se doter de l’arme nucléaire, mais aussi la population iranienne asphyxiée par des nombreuses années des sanctions économiques peut espérer voir le bout du tunnel.
Le téléphone d’Obama au chevet des iraniens comme il n’a pas arrêté de sonner ces derniers mois entre lui et son homologue russe Vladimir Poutine sur la crise en Ukraine. Comme au beau vieux temps. En pleine guerre froide en 1962, le célèbre ‘’téléphone rouge’’ établissait la liaison entre la Maison Blanche et le Kremlin. Aux deux bouts du fil, John F. Kennedy et Nikita S. Khrouchtchev.
Yvon MUYA